Sei traduzioni inedite da L’Ombre des Jours di Anna de Noailles
Marzia Minutelli

Le sei poesie che seguono in originale e nella mia trasposizione in versi – martelliani e novenarî a rendere gli alessandrini e gli octosyllabes dei testi francesi – sono desunte dalla seconda raccolta di Anna de Noailles, L’Ombre des jours (Parigi, Calmann-Lévy, 1902), e costituiscono un’anticipazione della traduzione integrale del libro, prossimamente a stampa presso l’editore fiorentino Passigli nella collana fondata da Mario Luzi «Passigli Poesia», in cui nel 2023 è già apparsa a mia cura l’opera prima (1901) della scrittrice franco-rumena, Le Cœur innombrable / Il cuore innumerevole.

Attendrissement

Maison où j’ai passé tous les plus tendres mois
De mon aventureuse et frissonnante vie,
Mon rêve vous bâtit dans mon âme ravie,
Et voici qu’aujourd’hui je vous habite en moi.

Je revois les moments oppressés du voyage,
Où, quittant la cité pour votre plus doux air,
Je demeurais la nuit, grave et les yeux ouverts,
Toute roulée au beau désir de votre image.

Ô porte du jardin qui grince sur ses gonds
Et s’écarte en chassant des graviers autour d’elle,
Cependant qu’apparaît, plein de lys et d’ombelles,
Le verger vert, avec son odeur d’estragon.

– La maison ! son vitrail léger comme des bulles
D’eau transparente où joue un vif soleil tremblant,
Le dallage, alterné de marbre noir et blanc,
L’écho et la senteur de bois du vestibule !

Et puis la pièce basse où l’on entrait d’abord,
La terrasse avec deux tonneaux de porcelaine,
Le jardin, son gazon et ses corbeilles pleines
D’une sauge velue et bleue, qui sentait fort.

Les chambres ; de naïfs papiers aux murs s’élancent,
Papiers de fleurs, d’oiseaux, de personnages clairs,
Papiers simples et doux, qui répètent leurs airs
Comme une monotone et sensible romance.

Tout le matin c’était la fête du dieu Pan,
Et puis venait le soir, l’heure où l’âme s’ennuie,
Et songe et se désole, et parfois à la pluie
On entendait crier et s’effrayer les paons.

L’héliotrope mauve aux senteurs de vanille
Emplissait l’air penchant d’évanouissement ;
Au coup de vent du soir on voyait par moment
L’eau du bassin s’enfler en forme de coquille ;

Et quand la nuit d’argent et de fusain venait,
Toute lisse, avec, au milieu, sa lune ronde,
Les arbres allégés, les collines et l’onde
Prenaient un délicat et sombre air japonais.

– Rien n’est changé là-bas, mais j’ai changé moi-même.
Ce n’est plus qu’en rêvant que je revois encor
Ces beaux soleils, venus de l’âme et du dehors,
Près de qui, comme un flot d’abeilles qui essaiment,
Mon plaisir tournoyait avec des ailes d’or…

Intenerimento

Casa dove ho trascorso i più teneri mesi
della mia palpitante e avventurosa vita,
vi riedifica il sogno nell’anima rapita,
ed ecco che oggi torno ad abitarvi in me.

I momenti rivedo concitati del viaggio:
lasciata la città per la vostra aria pura,
consumavo la notte a occhi aperti, perduta
nella contemplazione del vostro bel miraggio.

O porta del giardino che cigola sui gangheri
e si apre scacciandole d’intorno i sassolini,
mentre, verde e fiorito di agapanti e di gigli,
l’orto con il suo odore di dragoncello appare.

– La casa! la vetrata leggera come limpide
bolle d’acqua ove scherza il sole tremolando,
il pavimento a scacchi di marmo nero e bianco,
l’eco e il sentore acre di legno del vestibolo!

E poi la stanza bassa che ci accoglie per prima,
la terrazza che adornano due botti in porcellana,
il prato del giardino, le aiuole con la salvia
turchina e vellutata, dal penetrante aroma.

Le camere; sui muri si slanciano i parati,
parati a fiori, a uccelli, a personaggi insigni,
che ripetono i loro dolci e ingenui motivi
simili a una monotona romanza delicata.

Cadeva ogni mattina la festa del dio Pane,
poi scendeva la sera, ora di crucci e noia
per l’anima raccolta, e talvolta alla pioggia
si udivano impauriti i pavoni gridare.

L’eliotropo violetto che odora di vaniglia
faceva vacillare per il languore l’aria;
la sera si vedeva alle ventate l’acqua
gonfiarsi nella vasca in forma di conchiglia;

e quando nerargento la notte, tutta stesa,
posava in mezzo al cielo la sua luna rotonda,
gli alberi rincuorati, le colline e le onde
assumevano un’aria di stampa giapponese.

– Laggiù niente è cambiato, ma io sono cambiata.
È soltanto nel sogno che io rivedo ancora
quei bei soli, sorgenti dall’anima e da fuori,
alla cui luce, come fiotto d’api che sciama,
volteggiava il mio gaudio sulle sue ali d’oro…

Midi

Un store de paille est penché
Sur la vitre où le soleil donne ;
La cloche du déjeuner sonne,
L’air sent la rose et le pêcher ;

Des guêpes de vol et de lucre
Dans la claire salle à manger
Sont arrivées du potager
Pour le melon et pour le sucre.

Les compotiers sont pleins de fruits,
Les guêpes s’en vont et reviennent ;
Les plats de faïence ancienne
Se fêlent d’entendre du bruit.

– Soigneux de vos douces haleines,
Pour vous, beaux fruits d’un goût si fort,
Les couteaux ont des lames d’or
Et des manches de porcelaine…

Dans un coin près d’un broc d’étain
Une araignée alerte file ;
– Les fruits qu’on mange au soir tranquille
Ne sont pas si bons qu’au matin,

Il faut qu’un peu de soleil dore
Le mal vif et doux qu’on leur fait,
Et que leur fraîche agonie ait
L’encouragement de l’aurore ;

Pour que, plus émus, nous pressions
Leur chair suave qui rayonne,
Il faut que le matin leur donne
Sa luisante exaltation.

Il faut que la claire rosée
Ait attendri leur cœur juteux,
Et que leurs corps saignent un peu
La molle existence brisée…

Mezzogiorno

Sul vetro che il sole martella
si allunga una tenda di paglia;
invita al desco la campana,
l’aria sa di rosa e di pesca;

un volo di vespe raggiunge
dall’orto la sala da pranzo
e si prepara all’arrembaggio
del melone e dello zucchero.

Ricolmano i frutti i vassoi
su cui le vespe vanno e vengono;
frastonati al brusio si fendono
gli antichi piatti di maiolica.

– Riguardosi dei dolci odori,
è per voi, bei frutti fragranti,
che i coltelli sfoggiano manici
di porcellana e lame d’oro…

Tesse svelto un ragno vicino
a un bricco di stagno la tela.
– I frutti mangiati di sera
non son buoni come al mattino.

Giova che un po’ di sole indori
la dolce pena loro inflitta
e che sia la fresca agonia
racconsolata dall’aurora;

perché più compunti scerpiamo
la soave carne radiosa,
giova che il mattino dia loro
il suo luminoso entusiasmo.

Giova che la bianca rugiada
abbia intriso i cuori succosi
e che un poco piangano i corpi
la molle esistenza spezzata…

Les Voyages

Un train siffle et s’en va, bousculant l’air, les routes,
L’espace, la nuit bleue et l’odeur des chemins,
Alors ivre, hagard, il tombera demain
Au cœur d’un beau pays, en sifflant sous les voûtes…

Tant de rêves, brûlant aux chaleurs des charbons
Tandis que le train va, par saccades pressées,
Éparpillant les champs, les villes dépassées,
Cinglant le vent sans force et déchirant les ponts !

– Le confiant espoir, l’allégresse naïve,
De croire que plus loin d’autres cieux, d’autres mains,
Donneront de meilleurs et plus chers lendemains
Et que le bonheur est aux lieux où l’on arrive…

Ah ! la claire arrivée, au lever du matin !
Les gares, leur odeur de soleil et d’orange,
Tout ce qui sur les quais s’emmêle et se dérange.
Ce merveilleux effort d’instable et de lointain.

– Voir le bel univers, goûter l’Espagne ocreuse,
Son tintement, sa rage et sa dévotion,
Voir, lumière et d’adoration,
Byzance, consolée, inerte et bienheureuse.

Voir la Grèce, debout au bleu de l’air salin,
Le Japon en vernis, et la Perse en faïence,
L’Égypte au front bandé d’orgueil et de science,
Tunis ronde et flambant d’un blanc de kaolin.

Voir la Chine buvant aux belles porcelaines,
L’Inde jaune accroupie et fumant ses poisons,
La Suède d’argent avec ses deux saisons,
Le Maroc en arceaux, sa mosquée et ses laines.

Voir la Hollande avec ses cuivres et ses pains,
Son odeur de poisson, de jacinthe et de hêtre,
Voir des maisons, ce qui se révèle aux fenêtres
D’humains secrets errant derrière les murs peints.

Voir la sombre Allemagne et ses contes de fée,
Ses fleuves, ses géants, ses nains et ses trésors,
Et l’Italie avec ses marbres et ses ors
Qui de gloire et d’amour tient sa pourpre agrafée.

– Et puis, comme au rosaire, où chaque grain divin
Amène quelque joie ou quelques indulgences,
Vénérer chaque jour, ô mes villes de France !
Vos places, vos beffrois, vos mails et votre vin.

Villes pleines d’amour où l’église et l’école
Cerclent d’un haut regard le pavé large et dur,
Où les roses d’été, passant dessus le mur,
Font sentir aux chemins la saison bénévole ;

Ô ville du raisin, de l’olive ou du blé,
Ville du forgeron d’où jaillit l’étincelle,
Ville de nonchalance où pendent aux ficelles
Les fruits secs, de piqûre et de soleil criblés,

Ville de la cerise ou ville de la pomme,
Ville des laboureurs ou bien des tisserands,
Ville où le coq, la cloche et l’antique cadran
Marquent le temps des jeux, du travail et du somme ;

Villes vierges aussi, et qui joignent les mains
Près de leur cathédrale abrupte, âpre, efficace,
Et souhaitent, au clair de lune des rosaces,
Les mystiques rigueurs du moyen âge humain.

Bourgs serrés, hameaux clairs, petite citadelle
Grimpant au flanc des monts, assaillant les coteaux,
Paysage, vivant aux veines bleues des eaux,
Ville au Midi, avec ses jardins auprès d’elle.

Je porte tout cela dans mon cœur élancé,
Aujourd’hui où, debout sur la colline verte,
J’écoute haleter vers les routes ouvertes
Le beau train violent, si rude et si pressé.

Il siffle, quel appel, vers quelle heureuse Asie !
Ah ! ce sifflet strident, crieur des beaux départs !
Moi aussi, m’en aller vers d’autres quelque part,
Ô maître de l’ardente et sourde frénésie !…

I viaggi

Un treno fischia e va, scompigliando la notte,
l’odore dei binarî, l’aria, le vie, lo spazio,
ebbro e stravolto poi arriverà domani
fischiando in un paese bello, sotto le volte…

Tanti sogni che bruciano al fuoco dei carboni
mentre il treno va e va, a frettolosi strappi,
seminando campagne, sorpassando città,
tagliando il vento fiacco e sbrandellando i ponti!

– La sincera speranza, l’innocente allegria
di credere che, oltre, altri cieli, altre mani
offriranno migliori e più lieti indomani,
che la felicità sia là dove si arriva…

Ah! il luminoso arrivo, sul fare del mattino!
Le stazioni: l’odore di sole e di arancia,
sulle banchine tutto si mischia e si sparpaglia.
Magnifica congerie di precario e lontano.

– Vedere l’universo, la Spagna bruna e gialla,
la sua foga, i suoi squilli e la sua devozione,
vedere in un tripudio di luce e adorazione
Bisanzio neghittosa, pacifica e beata.

Veder la Grecia, cerula nell’alito salino,
il Giappone di lacca, la Persia di faenza,
l’Egitto cinto al fronte di fierezza e di scienza,
tonda e abbagliante Tunisi di un bianco di caolino.

Veder la Cina bere in belle porcellane,
accovacciata l’India fumare le sue droghe,
la Svezia inargentata con le sue due stagioni,
il Marocco e i suoi archi, le moschee e le lane.

Veder l’Olanda con i suoi rami e i suoi pani,
il suo odore di faggio, di giacinto e di pesce,
veder quali segreti spiando alle finestre
delle case si svelano dietro i muri affrescati.

Vedere la Germania fosca con le sue fiabe,
i suoi nani, i giganti, i suoi fiumi, i tesori,
e l’Italia regale nei suoi marmi e i suoi ori
che di gloria e d’amore la sua porpora affibbia.

– E poi, come al rosario, dove ciascun divino
grano qualche indulgenza reca oppure una grazia,
venerare ogni giorno, o mie città di Francia,
le vostre piazze, i viali, i campanili e il vino.

Città piene d’amore dove dall’alto guardano
una chiesa e una scuola il selciato ampio e duro,
dove le rose estive, oltrepassando il muro,
della bella stagione profumano la strada;

o città dell’oliva, del frumento o dell’uva,
città di fabbri che sprigionano scintille,
città dell’indolenza, dove da funicelle
pendono i frutti secchi, cosparsi di punture;

città della ciliegia o città della mela,
città dei contadini, città dei tessitori,
città ove marca il tempo dei giochi, dei lavori
e del sonno il galletto, lo gnomone o la squilla;

città vergini anche, che giungono le mani
presso la forte, scabra, severa cattedrale,
e dei rosoni sognano alla luce lunare
i mistici rigori del medioevo umano.

Borghi raccolti, lindi villaggi, roccaforte
che inerpica sui monti, assalta le colline,
paesaggio che alimentano vene d’acque azzurrine,
città del Mezzogiorno, con i giardini intorno.

Nel cuore che si sbriglia io porto tutto questo,
oggi che in piedi al sommo della collina verde
ascolto l’ansimare verso le mete aperte
del bel treno ferrigno, frettoloso e violento.

Fischia, è un richiamo verso qual mai felice Asia!
Ah! quel fischio stridente, che esorta alla partenza!
Anch’io, anch’io andarmene verso qualche altra terra,
signore dell’ardente, inconfessata ansia!…

L’Adolescence

Voilà, tu ne sauras jamais rien de mon être,
Tu n’as pas regardé dans mon cœur, la fenêtre
Était lisse pourtant qui donnait sur ma vie,
Mais tu n’auras pas eu la patiente envie
De t’asseoir près de moi et de comprendre un peu.
Pourtant ce que l’on veut surtout, ce que l’on veut,
C’est la tendresse, et c’est l’amour finalement…
Alors on croit qu’on rit, qu’on plaisante, qu’on ment
Et c’est ainsi qu’on passe à côté de l’étreinte ;
Ah ! tous les chagrins tus, toutes les gaîtés feintes,
Le rappel enfantin des choses anciennes,
Et puis, durant l’été qui s’accroche aux persiennes,
Dans la chambre, pendant les chauds après-midi,
Tout ce que tu disais et tout ce que j’ai dit…
– La poussière dorée au plafond voltigeait,
Je t’expliquais parfois cette peine que j’ai
Quand le jour est trop tendre ou bien la nuit trop belle.
Nous menions lentement nos deux âmes rebelles
À la sournoise, amère et rude tentative
D’être le corps en qui le cœur de l’autre vive ;
Et puis un soir, sans voix, sans force et sans raison,
Nous nous sommes quittés ; ah ! l’air de ma maison,
L’air de ma maison morne et dolente sans toi,
Et mon grand désespoir étonné sous son toit !…

L’adolescenza

Ecco, tu non saprai mai niente del mio essere,
nel mio cuore non hai guardato, eppure tersa
è la finestra che sulla mia vita affaccia,
ma tu non hai avuto la paziente tenacia
di sedermiti accanto e di capirmi un po’.
Però quel che si vuole, soprattutto si vuole,
è l’amore ed è la tenerezza infine…
Ci si illude di ridere, motteggiare, mentire:
è così che si arriva a un passo dall’abbraccio;
ah! i crucci taciuti, l’entusiasmo bugiardo,
il richiamo infantile delle cose lontane,
e poi, mentre l’estate si appende alle persiane,
in camera, accaldati, per pomeriggi interi,
tutto quello che ho detto, tutto quel che dicevi…
– Al soffitto la polvere saliva volteggiando,
talvolta ti spiegavo questa pena che ho quando
il giorno è troppo tenero, la notte troppo bella.
Lenti conducevamo le due anime ribelli
all’ipocrita, amaro, ostico tentativo
di essere il corpo in cui il cuor dell’altro vive;
poi una sera, senza voce, forza né causa,
noi ci siamo lasciati; l’aria, ah!, della mia casa,
l’aria della mia casa spenta senza di te,
e il mio grande sgomento stupito sotto il tetto!…

J’écris pour que le jour où je ne serai plus

J’écris pour que le jour où je ne serai plus
On sache comme l’air et le plaisir m’ont plu,
Et que mon livre porte à la foule future
Comme j’aimais la vie et l’heureuse nature.

Attentive aux travaux des champs et des maisons
J’ai marqué chaque jour la forme des saisons,
Parce que l’eau, la terre et la montante flamme
En nul endroit ne sont si belles qu’en mon âme.

J’ai dit ce que j’ai vu et ce que j’ai senti,
D’un cœur pour qui le vrai ne fut point trop hardi,
Et j’ai eu cette ardeur, par l’amour intimée,
Pour être après la mort parfois encore aimée,

Et qu’un jeune homme alors lisant ce que j’écris,
Sentant par moi son cœur ému, troublé, surpris,
Ayant tout oublié des compagnes réelles,
M’accueille dans son âme et me préfère à elles…

Scrivo perché si sappia, quando non sarò più

Scrivo perché si sappia, quando non sarò più,
quanto l’aria e il piacere a me siano piaciuti,
e perché questo libro alla gente futura
dichiari quanto amavo la vita e la natura.

Nei lavori dei campi e delle case assorta,
alle stagioni ho impresso ogni giorno la forma,
perché non sono l’acqua, la terra e l’alta fiamma
in nessun luogo belle come nella mia anima.

Quello che ho visto ho detto e quello che ho sentito,
con un cuore a cui il vero mai sembrò troppo ardito,
e ho avuto quest’ardore, dall’amore appellata,
per esser dopo morta talvolta ancora amata,

e perché allora un giovane, leggendo quel che scrivo,
per me sentendo il cuore commosso e sbigottito,
tutto dimenticando delle reali compagne,
mi preferisca a loro e accolga me nell’anima…

Vous que jamais rien ne délie

Vous que jamais rien ne délie,
Ô ma pauvre âme dans mon corps,
Pourrez-vous, ma mélancolie,
Ayant bu le vin et la lie,
Connaître la bonne folie
De l’éternel repos des morts ?

– Vous si vivace et si profonde,
Âme de rêve et de transport,
Qui, pareille à la terre ronde,
Portez tous les désirs du monde,
Buveuse de l’air et de l’onde,
Pourrez-vous entrer dans ce port ?…

Dans le port de calme sagesse,
De ténèbres et de sommeil,
Où ni l’amour ni la détresse
N’étirent la tiède paresse,
Et ne font, – mon âme faunesse,
Siffler les flèches du soleil…

Voi che niente mai disgroviglia

Voi che niente mai disgroviglia,
povera anima nel mio corpo,
potrete, mia malinconia,
bevuta la feccia col vino,
sapere la buona follia
del riposo eterno dei morti?

– Voi così vivace e profonda,
fatta di sogno e di trasporto,
che portate come la tonda
terra i desiderî del mondo,
voi che bevete l’aria e l’onda
potrete entrare in questo porto?…

Nel porto di saggezza calma,
di buio cieco e di sopore,
ove non l’amore, non l’ansia
scuotono l’indolenza calda,
né fanno, – mia anima fauna,
fischiare le frecce del sole…