
Je vois pleurer la jeune Afghane aux tresses blondes
(c’était sa vidéo de 45 secondes).
Elle dit : Nous allons tous mourir lentement
dans l’histoire, plus personne pense aux Afghans.
Je vois l’unique guide touristique, femme
hazâra – nom, Fatima –, ses yeux, une flamme.
Je vois la panique noire à l’aéroport
Hamid Karzai ; mais les nôtres partent d’abord.
Je vois une merlette sur la barre ronde
de la balustrade, ébouriffée par le vent
soudain qui dans nos abris douillets nous surprend
(et elle a failli glisser, enfin se reprend
et ose un envol). Cette pitié dont j’ai honte,
c’est notre vie, plus vaine ou cruelle* qu’immonde.
* Eugenio Montale, Flussi. (Qu’il me pardonne).